Le peuple canadien français qui est issu du christianisme et qui vit en Amérique, je l’aime de tout mon coeur ! Il est unique, complexe et vrai. Il est créateur, innovateur et ouvert.
Il prône l’égalité, il tente de vivre le respect. Il a, comme tous les autres peuples, eu une période d’enfance et de naïveté, mais aujourd’hui adulte, il est prêt aux débats et aux défis d’un monde en changement.
Que de changements en si peu d’années ! Que de libérations ! Que de déceptions aussi ! Après les années qui nous séparent maintenant de la Révolution tranquille, quel est le bilan de ces changements pour les individus, les familles et la société ?
Qui sommes-nous maintenant ? Où en sommes-nous ? D’où viennent ces désillusions, ces dépressions, ces ruptures ?
Au-delà du français, des mathématiques et de l’économie, nous devons apprendre à aimer, à se sacrifier, à s’engager et à se respecter les uns les autres. Nous devons surtout apprendre à être heureux en dépit de notre métier ou fortune. Qui nous apprendra cet art ?
Que s’est-il passé de si grave dans mon pays pour qu’une génération se soit muselée et qu’une autre doive se réinventer ?
Que s’est-il passé de si grave dans mon pays pour qu’on ait décidé d’évacuer la religion, la spiritualité et la transcendance de nos vies, de nos écoles et de nos sociétés pour donner toute la place au matériel et à l’argent ?
L’Église a trahi sa mission. La religion a blessé son peuple, voilà ce qui s’est passé.
Elle qui devait aimer a abusé, elle qui devait inspirer a condamné.
De cela nous devons parler.
Il y a eu des blessures au Québec qui ne peuvent être guéries sans revisiter le passé. Nous avons besoin du courage de nos pères, nous avons besoin de l’amour de nos mères, mais qu’en est-il de la religion, de la bâtisse, de l’institution, des sacrements, des fêtes, des valeurs ? Que choisirons-nous de garder, que choisirons-nous d’abandonner, que choisirons-nous de léguer ?
Au Québec, nous n’avons pas hérité d’immenses empires ou d’imposantes murailles, mais d’un territoire magnifique regorgeant de rivières et de lacs, de centaines de villages et de villes, avec chacun son clocher et des valeurs d’entraide et de charité qui nous ont permis de survivre dans l’histoire. Nous avons hérité ces choses en grande partie des Autochtones, des Français et du christianisme.
Or, le Québec se transforme. Il accueille tous les jours de nouveaux citoyens venant du monde entier pour vivre sur ses terres. Quelle richesse pour nous, quelle richesse pour eux ! J’espère de tout coeur que nous serons capables de transmettre à ces néo-québécois et néo-québécoises la mémoire de ce territoire, la beauté de qui nous sommes et le souvenir de ce que nous avons été.
– Xavie Jean-Bourgeault, Ovizion
Texte tiré de l’avant-propos du recueil Épaves du coeur, L’ère du vide d’une société post-chrétienne